Titre violent mais accrocheur d'un téléfilm franco-allemand-belge diffusé hier soir sur Arte.Sur le cyber-harcèlement contre les femmes principalement mais pas que, femmes politiques, femmes journalistes, femmes militantes féministes, femmes ayant créé un blog d'informations générales, etc.....femmes ayant le pouvoir public de parler ou d'écrire, d'informer, de partager une connaissance, de donner une opinion et surtout, de ne pas rester dans une vague de pensée unique et masculine.Je ne m'étais pas imaginée combien ce pouvoir là, conquis de hautes luttes et "libéré" via le net, pouvait être "dangereux" pour des hommes et des femmes ne tolérant pas qu'une femme ou un membre d'une minorité puisse dire "je pense". Et spécialement en France.Oui, car ce que j'ai appris, c'est que le cyber-harceleur de base est un homme généralement mais que de plus en plus de femmes prennent la voie de ces agressions. Des femmes contre d'autres femmes.Le cyber-harceleur est majoritairement Mr Tout le Monde, le voisin de pallier, le commerçant du coin auquel vous dites bonjour tous les jours, le cadre bancaire qui gère vos comptes, le quadra que vous croisez à la salle sport, un collègue de travail......Ce qui intensifie considérablement la sensation pour ces femmes, d'être épiées, surveillées, suivies.....ce qui est vrai parfois.C'est une manoeuvre de destruction mentale puis physique, émotionnelle. ET ça marche.76% des femmes ayant "le pouvoir d'informer" sur le net, ont été harcelées de façon répétée et violente, 36% ont depuis clos leur compte sur les réseaux sociaux. (extrait du film)La principale insulte revenant en boucle est : "ferme ta gueule, sale pute". "Grosse pute" revient beaucoup aussi.Injures sur le physique bien-sûr, menaces récurrentes et d'une violence incroyable. Injures racistes bien-sûr. "Grosse vache, grosse merde" , "négresse de merde" Les menaces sont du registre de la vie "intime" aussi : "tu mérites d'être violée par des migrants" : la femme recevant ça, préside une asso belge ou allemande, je ne sais plus, s'occupant des migrations de populations depuis plusieurs années."Tu dois aimer te faire baiser par des gros nègres et tous les étrangers te passent dans le cul, grosse vache".Autres menaces inquiétantes : "on va venir te violer, et violer tes filles" . Plus loin dans les messages : "tes enfants sont à telle école, on viendra les violer devant toi" Menaces de mort et de viol fréquentes : exemple : une des journalistes a reçu plus de 250 messages en un we, suite à la parution de son article sur les féminicides : "je vais t'ouvrir le bide, sortir tes boyaux, tu gueuleras de douleurs, et puis, je te violerai jusqu'à ce que tu crèves, sale pute !" Elles conservent toutes les messages reçus, et ont porté plainte : et là, c'est le saut dans le grand vide, car pour le moment, aucun pays ne semble avoir pris la mesure de l'ampleur des dégâts causés. Personne ne se fait insulter et menacer sans en être blessé, d'autant sur du long terme.Les femmes et hommes harcelés et interrogés dans ce film, viennent de Belgique, des USA, de France, Allemagne, UK, pays de l'Est.......cultures différentes, législation différente....Ils ont témoigné à visage découvert, avec leur identité énoncée.Lors de leur dépôt de plainte, des réponses similaires un peu partout : les policiers semblent désarmés par ce phénomène (un comble !!) et certains ne connaissent rien au cyber harcèlement entre adultes. Les "conseils" donnés : "ben, pourquoi continuez-vous à écrire sur FB ?", "pourquoi aller sur votre Twitter ou Instagram ou FB ?" "fermez votre compte et reprenez une vie de femme normale" ! Ah oui ? Et c'est quoi "une vie de femme normale" ? Comme le dit une journaliste qui depuis a perdu son poste à Europe 1, traduction des ces "conseils" : "ferme ta gueule et retourne dans ta cuisine !" L'autre problème politique et sociologique, est qu'il n'y aurait à ce jour, aucune législation concernant ces cyber attaques personnelles, et aucune jurisprudence .Les pouvoirs politiques prennent ça "à la légère" : comme s'il s'agissait de bonnes blagues, de petites réflexions anodines, et de "recadrage" sur des femmes trop.....féministes.La réflexion revenant sans cesse, qu'il s'agisse des instances policières, juridiques, mais aussi du cadre familial et amical est : "mais pourquoi continuez-vous à vous exprimer ? "Hallucinant !Le coté extraordinaire du net avec une somme d'informations illimitée, où tout le monde peut piocher des infos de toute nature, et son revers où tout le monde peut être fracassé en quelques (!!) messages haineux.Une réelle entreprise de destruction individuelle, d'autant plus dangereuse qu'elle se forge sur l'intimité des femmes ou membres de minorités (LGBT par ex), sur leur famille menacés de mort régulièrement.Le plus "gênant" dans ce reportage, est que les plates-formes du net ont le pouvoir d'identifier les cyber-harceleurs, mais qu'au nom de la liberté d'expression, rien n'est fait.J'ai voulu partager cela avec vous, car la liberté d'expression me tient à coeur au delà de tout .De tout ? Voilà bien le problème : les menaces de viol, de tabassage, de tortures, de mort sont-elles "légalement tolérables" ? Doit-on laisser évoluer la haine en ligne ? Doit-on participer par le silence, à une opération de laminage et d'invisibilisation des femmes journalistes, femmes politiques, femmes sachantes ? Une autre forme de combat, celui de la toile, que ces femmes et certains hommes, ne s'attendaient pas à devoir affronter avec autant de violence.
Dernière modification le 05/07/2021 22:52:14 par Lady Spencer.
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